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à tristan et iseult

qui se croit méprisé : Iseult, dévorée de colère et de tendresse, impuissante à vaincre le tumulte de son âme et vouant au naufrage le navire qui l’emporte, avec le héros qui la dédaigne, vers cette terre où elle ne veut pas aborder.

« La mort plutôt ! la mort pour nous deux ! s’écrie-t-elle. »

Et puisque l’ouragan la trahit, que déjà la terre maudite est signalée : le poison !

Tristan ne peut refuser de vider une coupe en l’honneur d’Iseult, de boire à la réconciliation, car une dette de sang est entre eux, dès longtemps effacée par l’amour inavoué, mais dont elle feint de se souvenir. Tristan comprend bien que c’est l’oubli éternel que lui verse la main qu’il adore en secret ; il accepte avec reconnaissance cet adoucissement à des maux sans remède.

Cependant, sur le seuil de la mort, tous deux laissent tomber le masque ; l’incendie se déchaîne alors, l’amour triomphant les jette aux bras l’un de l’autre dans l’enivrement d’une