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de rienzi

joie suprême qui doit payer leurs souffrances passées. C’est cœur contre cœur, les yeux dans les yeux, que leur cœur cessera de battre, que leurs regards s’éteindront !

Mais, hélas ! ils sont trahis ; la suivante trop dévouée a substitué au breuvage mortel un philtre d’amour, et au lieu de l’ombre bienfaisante qui les réunissait, voici le rivage abhorré et le jour décevant qui les arrache l’un à l’autre.

Un pareil amour une fois déchaîné ne peut plus être étouffé ni dompté, c’est un embrasement formidable, un flamboiement qui rayonnera au delà de la mort ; il a tout dévoré, loyauté, honneur, vertu. La terre s’est effacée devant cette ivresse extra-terrestre d’être l’un l’autre !

« Volupté infinie, sublime, que nul cœur jamais n’a connue ni, pressentie ! »

Leur bonheur les écrase même et les étouffe, le cœur ne peut contenir un tel amour, le verbe humain n’a pas de cris pour l’exprimer. Les plus brûlantes étreintes les laissent désu-