Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/239

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qu’au milieu du dos. Cette douleur vraie ou fausse, exprimée en rauques sanglots qui rappelaient les aboiements d’Hécube, ennuyait et troublait fort Jack, qui, bien qu’incrédule, était un peu superstitieux. « Je n’aime pas, disait-il, cette femme qui hurle au perdu comme un chien sentant la mort. » Et les trois jours qu’il avait accordés comme limite extrême pour le retour de Malivert étant expirés, il alla faire sa déclaration à la justice.

On se livra aux plus actives recherches dans la direction probable qu’avaient dû prendre Malivert et son guide. La montagne fut battue dans tous les sens, et, dans un chemin creux on trouva une carcasse de cheval couchée sur le flanc, entièrement déshabillée de son harnais et déjà à moitié dévorée par les corbeaux. Une balle lui avait brisé l’épaule et l’animal avait dû s’abattre sur le coup avec son cavalier. Autour de la bête morte le terrain semblait avoir été foulé comme dans une lutte, mais trop de temps s’était écoulé déjà depuis l’époque présumée de l’attaque, qui devait remonter à plusieurs semaines ; il n’y avait pas grande induction à tirer de ces vestiges à demi effacés par la pluie ou le vent. Dans un buisson de lentisques, voisin de la route, une branche avait été coupée à moitié au passage d’un projectile : la portion supérieure avait fléchi et pendait desséchée.

La balle, qui était celle d’un pistolet, fut