Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/98

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SATANAS.

Hélas ! vous ne m’aimez donc pas, puisque vous ne croyez pas ce que je vous dis ?

ALIX.

Je vous aime ; le croyez-vous ?

SATANAS.

Comme je crois à moi-même. Aie foi en moi comme j’ai foi en toi.

ALIX.

Je ne puis. Quelque chose me crie au fond du cœur que je me perds, que tu n’es pas ce que tu parais être ; que tes paroles mentent à tes pensées. Je vois bien briller dans tes yeux une flamme surnaturelle, mais ce n’est pas le feu divin, ce n’est pas le feu de l’amour. Ce n’était pas ce regard que j’avais mis dans les yeux du bien-aimé que je rêvais, et pourtant il me plaît bien mieux. Je sens qu’en marchant vers toi je marche vers un précipice, et je ne puis m’arrêter, et je ne le voudrais pas. Qui es-tu donc, pour avoir une telle puissance ?

SATANAS.

Quelqu’un de bien malheureux !