Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/156

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— C’est vrai ; mais, frère, dans la forêt, le petit des oiseaux ne quitte pas son nid, tant qu’il n’a pas essayé ses ailes. Jusque là, il reste en sa petite demeure et il craint de s’aventurer.

— Tu parles comme un grand Sagamos.

— Écoute encore : Une tempête seule peut briser le nid ou déraciner même l’arbre qui abrite les amours d’un couple, et jeter le petit oisillon sur des rives étrangères

— C’est la vérité.

— Je comprends, la Chouette ; et tu ne me surprendrais pas en disant que cette enfant a été ravie, et qu’un malheureux l’a jetée au milieu de nous.

— Je ne sais rien, mon frère.

— Ton silence est d’argent, la Chouette, mais ta parole serait d’or, car je vois dans tout cela une action indigne d’un enfant des bois.

— Je ne sais rien, répondit la Chouette qui feignit dormir pour ne pas montrer que cette espèce d’interrogatoire le fatiguait affreusement.

— Oh ! je comprends tout, la Chouette. Le visage pâle a attaché ta langue à ton palais, mais j’en sais assez pour croire que… Il n’en dit pas plus long et sortit en disant le bonsoir à son compagnon, puis il alla se jeter sur son lit de sapin.

Le plan de Bison-des-Plaines était tout fait. Qui donc le portait à s’intéresser à cette enfant des Visages-pâles. Il ne le savait pas lui-même, tout comme Attila ignorait le bras qui le poussait. « J’aurai la patience d’attendre, » dit-il. Et l’on sait si un sau-