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vage est patient. C’est dans sa nature, c’est inné cher lui.

Traversons une période de quinze années, et retrouvons nos sauvages au bord de la mer, revenus d’une chasse qui avait été longue et abondante. Tous sont contents et se réjouissent de leur succès. Plusieurs se promettent de faire bombance.

Le soleil s’est levé radieux ce matin du 24 juillet 1833. Une légère brise souffle du large ; le ciel est clairsemé de nuages qui voilent parfois les ardeurs du soleil. La mer a toujours sa grande voix, la mer se plaint toujours, et les bois ont des échos sonores.

Sur les hauteurs, à quelques perches du village, deux poteaux, à distance de deux ou trois arpents, sont fixés en terre vis-à-vis deux autres également solides, laissant entre eux un espace de quelques pieds.

C’est jour de réjouissance publique chez nos sauvages et les plus forts jouteurs, oubliant leurs fatigues, à peine reposés de leur chasse, vont s’en donner à cœur-joie. Il s’agit de jouer à la crosse, ce jeu tant aimé des sauvages et qui leur est propre.

De bonne heure, on voit les jeunes gens, moitié vêtus, les bras et les jambes huilés, s’avancer vers le lieu où doit se faire la lutte. Il y a des hommes dans l’âge mûr, aux cheveux grisonnants mêmes, qui ne craignent pas les ardeurs de la lutte et les rayons du soleil de plomb qui s’avance lentement dans le ciel, vers l’horizon.