Page:Gayda - Ce brigand d’amour !, 1887-1888.djvu/8

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Pareil au miroir où les alouettes,
De scintillements vont s’emplir les yeux,
L’éventail fera mille pirouettes,
Provoquant, alerte et capricieux.

Des amoureux pris à son gai manège,
Avec de charmants cliquetis vainqueurs,
L’éventail, au gré de ses doigts de neige,
Follement fera voltiger les cœurs.

Et c’est pour pouvoir entrer dans la danse
Que l’éventail est à Fifo donné,
En signe courtois d’humble dépendance,
Par un amoureux très passionné.

— Ces vers, reprit Fifone lorsque Olivette eut fini de lire, ont été écrits, comme te le prouve la signature, à l’époque où je débutais dans un beuglant du quartier latin, par le poète Louis Daster qui, alors, n’était pas célèbre et dont je fus aimée.

Tous mes nombreux et splendides bijoux sont des cadeaux de gens princièrement riches, parmi lesquels beaucoup m’ont baisé à peine le bout des doigts et de qui ma mémoire ne se souvient presque plus.

L’éventail me vient de Daster, de celui qui le premier a fait battre mon cœur et m’a possédée toute entière ; c’est la seule relique d’un amour qui ne peut plus renaître. Voilà pourquoi je le préfère à toutes ces pierreries banales… Si tu ne me crois pas, Olivette, toi, qui n’a pas aimé encore, tâche, pour ton premier amour, de rencontrer un jeune poète, tu verras l’exquise et la divine chose, et tu comprendras que je dis vrai !