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histoire du mouvement janséniste

dont on voit çà et là quelques débris dans les ruines, servirent à recouvrir un canal souterrain, celui qui amène l’eau à la fontaine de la Mère Angélique. Bientôt Mme de Longueville se fit construire, entre l’église et le chemin de Dampierre, non pas, comme le dit Sainte-Beuve un petit hôtel, mais un véritable château composé de trois pavillons à angle droit. Tout à côté, assis sur ce qu’on appelle aujourd’hui à tort les caves de Longueville, s’élevait l’hôtel beaucoup plus modeste où vécut et mourut (en 1692), l’amie intime de la duchesse, la douce et pieuse Mlle de Vertus.

On construisait dans le vallon parce qu’on croyait à la durée d’une paix qui avait pour garants le roi et le pape. Les religieuses avaient fait de grands sacrifices ; il avait fallu renoncer à tout jamais à cette maison de Paris où reposaient la Mère Angélique et M. Singlin, et pour laquelle on avait dépensé des sommes immenses ; il avait fallu partager avec les sœurs de Paris tous les biens du monastère, et elles s’étaient attribué la part du lion. L’intègre Pussort, rapporteur de la commission royale de partage, avait dû céder à l’intrigue, et un arrêt du Conseil du 7 juin 1669, confirmé par une bulle de Clément X, en 1671, que confirmèrent à, son tour des lettres patentes de 1672, attribua aux douze sœurs de Paris un tiers des biens, meubles et immeubles ; les deux autres tiers revinrent aux quatre-vingts religieuses des Champs. Il fallut laisser à Paris la Sainte Épine donnée par M. de la Potherie, mais on put emporter l’ex-voto de Philippe de Champaigne, ainsi que les portraits de la Mère Angélique, de la Mère Marie des Anges, de Saint-Cyran et de Singlin. Le partage se fit dans ces conditions, malgré l’intervention du prince de Condé et de Mme de Longueville, parce que l’archevêque Péréfixe y mit de la mauvaise