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histoire du mouvement janséniste

Chanvallon, qui n’était jamais venu à Port-Royal, se fit l’exécuteur le 17 mai 1679, sans se laisser troubler par la présence de Racine, son confrère à l’Académie française. Les détails sont partout, et Sainte-Beuve les a résumés avec une grande exactitude, il n’y a donc pas lieu d’insister. On sait que l’archevêque fit sortir sans délai les postulantes, les jeunes pensionnaires, qui étaient au nombre de quarante-deux, les confesseurs et autres ecclésiastiques, qui étaient six en tout, et non pas cinquante comme il l’avait prétendu. Enfin il défendit aux religieuses, de la part du roi, de se recruter en recevant des novices tant qu’elles seraient cinquante professes de chœur. Les ordres furent exécutés à la rigueur, et cette fois les religieuses n’eurent point recours à la procédure comme jadis ; elles adressèrent au roi une humble requête ou plutôt une supplique que l’archevêque renvoya à huit mois et ne remit finalement pas.

Tillemont, qui n’était pas confesseur, partit le 31 mai 1679, Ruth d’Ans le 7 juin, Boulanger le 8, Bourgeois le 9, Lemaître de Saci le 12, et Sainte-Marthe le 30. On laissa quelques serviteurs laïques, et Hamon ne fut pas chassé ; il mourut paisiblement à Port-Royal, à soixante-neuf ans, le 22 février 1687, après avoir été trente-cinq années durant un médecin admirable et un chrétien plus admirable encore. Tillemont, ancien élève des Petites Écoles, vécut jusqu’en 1698, et on sait quel rang il occupe comme historien des six premiers siècles de l’Église. Sa polémique contre Rancé à la mort d’Arnauld le met au nombre des plus fermes défenseurs de Port-Royal. Ernest Ruth d’Ans, prêtre flamand et ami particulier d’Arnauld prolongea son existence jusqu’en 1728, malgré les exils et les persécutions dont il fut l’objet partout, sauf à Rome