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chapitre ix

auprès du pape, Innocent XII. Borel et Bourgeois moururent en 1687. Saci et Sainte Marthe en 1684 et en 1690. La plupart de ces Messieurs, confesseurs ou non, purent être inhumés à Port-Royal, car leur proscription et leur exil n’allaient pas jusqu’à l’interdire ; on ne redoutait pas les morts et on ne défendait pas aux religieuses de les honorer comme des saints. C’est précisément ce qui fait bien voir le caractère odieux de cette nouvelle persécution. On reconnaissait très volontiers que les filles de Port-Royal étaient d’une orthodoxie parfaite, et que c’étaient des institutrices admirables ; la nouvelle guerre avait donc l’avantage de ne pas troubler leurs consciences, de leur assurer la paix intérieure et de leur réserver les ineffables consolations de la 7e Béatitude : « Heureux ceux qui souffrent persécution pour la vérité et pour la justice. » C’est dans cet esprit de résignation que gouvernèrent successivement, sous la férule de Harlay de Chanvallon, la Mère Angélique de Saint Jean, abbesse de 1678 à 1684, la Mère du Fargis de 1684 à 1690, la Mère Agnès de Sainte Thècle Racine, qui vit le pieux Noailles monter sur le siège de Paris en 1695. La seconde Mère Angélique, dont on n’osera jamais dire qu’elle a dégénéré ou décliné, prépara soigneusement ses filles à la persécution dès 1680, et elle leur fit des conférences sur les célèbres avis que la Mère Agnès Arnauld leur avait donnés jadis à ce sujet. La Mère du Fargis vit sans émotion l’archevêque de Paris faire sa propre sœur abbesse au faubourg Saint-Jacques lorsqu’en 1685 l’abbesse intruse de Paris vint à mourir. La Mère Racine eut la grande consolation de voir son illustre neveu, pleinement réconcilié avec les Messieurs de Port-Royal, témoigner à cette maison le plus grand dévouement. Mais