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histoire du mouvement janséniste

sent les âmes doivent avoir pour but et pour fin de les mettre dans une telle disposition qu’elles puissent commencer à communier si elles ne communient pas encore, ou communier souvent si elles ne communient encore que rarement, ou même communier tous les jours si elles peuvent déjà communier souvent.… La perfection d’un chrétien consiste à pouvoir s’approcher chaque jour du Fils de Dieu, comme ont fait les chrétiens au commencement de l’Église[1] ».

On ne comprend donc pas qu’un ouvrage si raisonnable et si édifiant ait pu être attaqué avec une si grande violence par des prêtres et par des religieux qui, se disant compagnons de Jésus, auraient dû penser avec le cardinal de Bérulle qu’il faut « induire les fidèles plus à la révérence qu’à la fréquence du sacrement d’eucharistie[2] ». Les évêques, les docteurs s’étaient prononcés en sa faveur, et voici une anecdote curieuse que Sainte-Beuve n’a pas connue. En 1664, Philippe de de Champaigne alla chez Péréfixe de Beaumont pour intercéder en faveur des religieuses de Port-Royal ; et cet archevêque lui ayant reproché de prendre leur défense, il lui répondit en ces termes : « C’est vous qui êtes cause que ma fille est religieuse à Port-Royal. Car un jour, étant dans ma maison, vous dites tant de bien du livre de la Fréquente Communion, qu’ayant appris qu’il avait été fait par une des personnes qui conduisaient cette maison, je me résolus d’y mettre mes filles en pension. — Il est vrai dit l’archevêque, que le livre de la Fréquente Communion est un livre admirable. Je ne l’ai jamais lu

  1. Ici Arnauld citait l’exemple de sainte Chantal, morte depuis deux ans à peine.
  2. Cité par Arnauld en 1644.