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chapitre iv

qui permirent de commencer le grand bâtiment du cloître et des dortoirs. C’est celui qui est le plus au sud et c’est le plus ancien de tous (1628-1629). Dix ans plus tard, lorsque cette dame fantasque, dirigée par le non moins fantasque Zamet, évêque de Langres, rompit définitivement avec Port-Royal, on entreprit des travaux considérables pour faire en sorte que le monastère de Paris fût autant que possible sur le modèle de celui des Champs, avec un cloître ou préau servant de cimetière des religieuses, et tout autour des bâtiments claustraux une grande église accessible aux gens du voisinage, un chœur des religieuses, un chapitre, et tout ce qui constitue un couvent cistercien.

Il y avait des enclaves ; c’est ainsi que la princesse de Guéméné se fit construire, vers 1643, entre l’église projetée et le bâtiment de Mme de Pontcarré, dans la partie orientale de la propriété, un assez vaste logis qui subsiste encore. L’église fut bâtie en 1646-1647, par le célèbre Le Pautre, dont Sainte-Beuve n’a pas même prononcé le nom. Ce grand artiste aurait voulu élever un beau monument, analogue à l’église des Jésuites de la rue Saint-Antoine. Mais la Mère Angélique n’y voulut jamais consentir, et l’on peut voir, en comparant les plans de Le Pautre avec les constructions qui restent debout, ce qu’est devenu le fastueux projet de l’architecte, avec ses portiques, ses colonnes et ses statues ; il n’en est rien resté dans l’exécution. Voici ce qu’Angélique en écrivait à la reine de Pologne le 21 septembre 1646. « Notre église est presque achevée, et si jolie que j’en ai de la confusion. Elle a été faite sur le modèle des petits Jésuites, mais elle n’a que cinquante et un pieds de long, une croisée et trois petites chapelles. Elle est si bien bâtie, et tellement dans l’ordre de l’architecture que tous ceux qui la