Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/300

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même s’il prétendait leur apporter un dogme nouveau.

Il n’y a donc pas à craindre de la part des jansénistes animés du véritable esprit de Port-Royal un retour offensif, un acte de révolte quelconque. Ils ne suivront pas l’exemple de la malheureuse Église de Hollande, dont ils réprouvent hautement les tendances de plus en plus schismatiques. Ils ont appris de leurs devanciers à se taire, à prier, à souffrir, silere, orare, pati. Ils attendent le jour du Seigneur puisque l’Église à laquelle ils appartiennent a les promesses de Jésus-Christ et que la vérité doit finir par triompher. Les éclipses ne durent pas éternellement ; les obscurcissements de la foi ne sont que des épreuves passagères et prédites. S’il pouvait leur être donné de voir le molinisme abandonné et le catholicisme vivifié par un retour définitif à ce qu’ils savent être la vérité, ils disparaîtraient volontiers de la scène du monde. Quand on n’a ni passé, ni présent, on ne songe guère à l’avenir.

En attendant il peut être permis à des catholiques de gémir sur les maux de l’Église actuelle, que le molinisme et le liguorisme triomphants semblent mener aux abimes ; et ce n’est pas blasphémer de répéter ce que m’a dit à moi-même en 1884, dans la sacristie du collège Rollin, Mgr Soulé, ancien évêque de la Guadeloupe, chanoine évêque du chapitre de Saint-Denis. « Plut à Dieu que nous les eussions encore, les principes de Port-Royal ; nous n’en serions pas où nous en sommes ! »

Si les vœux du saint évêque qui sera peut-être traité de janséniste honteux pouvaient être exaucés, l’Église catholique reverrait de beaux jours. Il n’y aurait plus ni molinistes, ni jansénistes, ni partisans de la morale