Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/148

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ceaux de pain… Mes frères et sœurs, qui sont restés auprès de ma mère, sont crevés de misère… C’est moi la plus heureuse.

Mais, avec l’âge, la santé de Quat’sous s’est affaiblie. Son visage est livide, ses yeux sont enfoncés dans leurs orbites comme des yeux de cadavre. Elle tousse.

La vermine l’a envahie. Sa chair habitée est un monde qu’elle laisse vivre avec indifférence. Plus jeune, elle allait à la rivière. Maintenant, elle fuit l’eau, qu’elle trouve malsaine.

Les gens s’éloignent d’elle. À peine ose-t-on lui tendre un morceau de pain. On a de la répugnance même à la voir. Les chemineaux n’écoutent plus ses invites. Insouciante de sa destinée, elle rôde de village en village, elle traîne sa vie de bête traquée.

Elle dort toujours au pied des meules, et aussi à l’angle des portes, contre le mur des