Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/158

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Pas de lit ! Elle aurait pourtant bien voulu s’étendre sur un drap frais, dans une chambre tiède. Elle avait connu ce repos une fois, à l’infirmerie de la prison. On lui avait brûlé le dos et la poitrine avec des mèches, on lui avait fait boire du sirop et de la tisane, et puis, au bout de quelques jours de bouillon et d’œufs, elle avait mangé à sa faim du pain et de la viande. Après cela, on l’avait renvoyée, avec du linge propre et des souliers aux pieds.

Cette fois-là, elle était partie sans regrets, heureuse de retrouver sa grande route. Mais, cette fois-ci, elle aurait bien voulu entrer à l’hospice, ne fût-ce qu’une heure. Elle était brûlante de fièvre dans l’air glacial. Puisqu’on ne voulait pas d’elle, autant rester où elle était : elle se laissa choir au seuil de la porte, sur le pavé.

Elle resta couchée devant la grille, inerte, n’entendant pas les paroles de ceux qui s’arrêtaient, se penchaient vers elle :