Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/82

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Elle s’arrêta, songeant à cette catastrophe. Puis elle voulut voir la place lugubre où avait commencé à se jouer sa destinée. Une échelle était appliquée à la muraille. Elle monta doucement, s’arrêtant à chaque échelon pour reprendre haleine. Lorsqu’elle fut au faîte et qu’elle entra, son cœur battait violemment, elle était pâle et froide.

Dans une solive du plafond, un clou était fixé, où s’accrochait une grande poulie servant à soulever les bottes de paille et de foin. C’était de ce clou que Jean s’était servi pour quitter la vie. Hermine s’assit sur le foin, se perdit au vague de sa songerie.

Elle pensa, pour la première fois, que, si elle avait épousé Jean, elle ne serait pas dans l’état affreux où elle se trouvait. C’était un bon ouvrier, et un brave et gentil garçon. Elle ne se souvenait pas de lui, mais elle le créa soudain avec précision, le devina tel qu’il était, et le pleura. Ses larmes silencieuses devinrent des san-