Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/83

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glots convulsifs, et elle se sentit l’âme soulagée. Quand elle redescendit, encore tremblante de son émotion, elle n’était plus la même. Une pensée nouvelle était entrée dans sa vie.

Désormais, elle s’ennuya moins. La nature lui parut moins triste, la vie moins désespérée. Elle avait trouvé un but à ses rêveries, une occupation à son cœur désœuvré : faire revivre en elle celui qui était mort pour elle, pleurer sa disparition, chérir son souvenir.

Peu à peu, cette illusion de son esprit devint la réalité de son existence. Son être intérieur se transforma. Elle, qui n’avait jamais aimé, sentit tout à coup son cœur battre d’amour. Elle aima un être pur et mystérieux, — un mort !

Souvent, presque chaque jour, elle remonta au funèbre grenier, animé maintenant pour elle de tous les aspects du sort qui aurait pu être le sien. Son imagination