Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/92

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revit le cheval blanc, elle réentendit la voix de son père qui lui parut altérée et lointaine, comme une voix venue de la tombe, elle crut sentir une main de spectre qui tenait par la taille la petite fille d’autrefois.

Cela ne dura qu’un instant. L’image de jadis s’effaça. Il n’y avait là qu’une femme fanée qui était la petite fille d’autrefois, une femme abandonnée et muette qui s’appuyait à un vieux mur ruiné par le temps, et ce vieux mur n’entendait et ne voyait rien, ne se rappelait de rien, n’avait aucune consolation à offrir à celle qui demandait aux choses de se souvenir, et qui ne trouvait en elles que le morne aspect de la vieillesse qui tombe à la mort.

Hermine rouvrit les yeux, qu’elle avait fermés pour retrouver son père et son cheval blanc et pour se retrouver elle-même. Elle revit le village sec et terrible,