Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/169

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surprenante conformité de caractères !… — Comment ? — Mais oui, je suis tout cela, moi, impatient, colère, furibond, brisant tout… — C’est une plaisanterie ! — Non, repartit le comte d’un ton fort sérieux, c’est la pure vérité. Écoutez-moi, je ne veux plus rien vous cacher ; vous allez tout savoir. À ces mots, Laure très-émue, garda le silence, et devint fort attentive. Il faut d’abord vous avouer, reprit le comte, que j’ai été très-mal élevé ; mon oncle m’a gâté… Il m’a donné de bons principes, mais il n’a jamais cherché à réprimer la violence extrême de mon caractère ; au contraire, il disoit, tant mieux, tant mieux, il en sera plus brave. Je battois tous mes petits camarades ; j’égratignois, je mordois les grandes personnes… mon oncle répétoit : tant mieux, tant mieux, il aura de l’énergie, et c’est une bonne chose dans un homme. Ce fut ainsi que ma pétulance, n’étant jamais réprimée, s’accrut avec les années, et devint une habitude que je crois incorrigible. Cependant, quand j’épousai ma charmante Laure, mon oncle