Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/170

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me fit faire des réflexions qui me frappèrent beaucoup. Que pensera ta jeune épouse, me dit-il, en découvrant ta violence ? Ne sachant pas que ces emportemens peuvent s’allier avec un excellent cœur, elle te regardera comme un monstre, elle te haïra !… Cette idée me fit frémir ; elle m’eût rendu capable de me corriger, car je me suis assez contenu pendant quatre jours, pour qu’il ne me soit pas échappé un seul trait d’impatience, ce qui m’a terriblement coûté ; mais quand j’ai vu que mon aimable Laure avoit le même défaut, j’ai pensé, avec une joie extrême, qu’elle l’excuseroit en moi ; et me voilà débarrassé d’une insupportable inquiétude. — Cela est en effet très-singulier, dit Laure ; je vous croyois si doux !… — Oh ! non, mon ange, reprit le comte, c’est du feu, c’est du salpêtre qui circule dans mes veines !… — Et moi aussi, le sang me porte à la tête, le cœur me bat, et je ne suis plus maîtresse de moi-même ; mais cela ne dure pas. — L’instant d’après il n’y paroît plus. — Et je suis au désespoir d’avoir fait de la pei-