Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Égypte ; et là, il assistait aux leçons des stoïciens, des péripatéticiens et des pythagoriciens. Mais aucun d’eux ne put le satisfaire : l’ignorance des premiers, l’avarice des seconds, et les retards que les disciples de Pythagore voulurent apporter à son impatience, par l’étude des mathématiques, l’éloignèrent de leurs écoles sans lui ôter sa soif d’étude. Il ne lui restait plus que la philosophie de Platon : saint Justin s’y porta avec ardeur et y fit des progrès étonnants. Le mysticisme répandu dans cette doctrine s’empara de lui ; il réforma ses mœurs, redoubla ses études à mesure que la philosophie de Platon prenait de l’ascendant dans son cœur, et en vint en peu de temps à ne pas douter que la science et la perfection, qui chaque jour le rapprochaient de Dieu, ne tarderaient pas à le lui faire voir face à face. Dans cette espérance, il fuyait les villes et recherchait les solitudes où il pouvait se livrer à ses contemplations. Un jour qu’il se trouvait dans la campagne, il se croyait seul, mais il se trouva en présence d’un vieillard que ses cheveux blancs et son air de bonté rendaient vénérable. Ils lièrent conversation, et ils en vinrent à parler de la philosophie dont saint Justin portait l’habit. Cet événement, si ordinaire et de si peu d’importance en lui-même, décida de son avenir. La Providence se sert des moindres causes pour amener à elle ceux qui doivent servir à l’accomplissement de ses desseins. Ce vieillard était un Chrétien qui, animé du désir de donner un enfant de plus à l’Église naissante, lui prouva le néant de toutes les philosophies et de toutes les religions humaines, et lui dit qu’il n’y avait qu’une religion émanée de Dieu, la religion chrétienne ; qu’une philosophie raisonnable, celle que contenaient les livres des Hébreux. Saint Justin, qui ne demandait qu’à s’instruire, se mit à les lire avec avidité. Les saintes vérités répandues dans les divines Écritures lui apparurent bientôt, et, une année après cette rencontre, il reçut le baptême et confessa la religion de Jésus-Christ. Il étudia encore longtemps après sa conversion, se fortifia dans la connaissance des Écritures ; puis plein du désir de gagner à Dieu des âmes engagées dans l’idolâtrie, comme il l’avait été lui-même, il parcourut l’Égypte, l’Asie mineure, l’Italie, prêchant la pa-