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Moïse ou plutôt de l’Esprit saint : « La principauté ne sortira pas de Juda, jusqu’à la venue de celui à qui appartient le sceptre. » Car Juda est le père de la nation juive ; c’est même de lui qu’elle tire son nom. Après la venue de Jésus-Christ, n’avez-vous pas régné sur les Juifs, ajouté leur pays à votre empire ? Et ces mots : « Il est l’attente des nations, » ne signifient-ils pas que tous les peuples soupiraient après lui ?

En effet, l’histoire à la main, vous pouvez voir que partout on espérait en celui qui fut crucifié dans la Judée, et dont la mort fut suivie de si près par l’envahissement de ce pays, qui vous fut livré.

Ces autres paroles : « Il attachera son ânon à la vigne et lavera sa robe dans le sang du raisin, » désignent d’une manière symbolique ce qu’il devait faire et ce qui devait lui arriver. Ne sait-on pas qu’il dit à ses disciples d’aller lui chercher un ânon attaché au sarment d’une vigne à peu de distance d’un bourg ; qu’il monta sur cet ânon lorsqu’il lui fut amené, et qu’il fit ainsi son entrée dans Jérusalem, où était le superbe temple des Juifs, que depuis vous avez renversé ? Après être entré dans cette ville, le Christ fut mis en croix pour accomplir le reste de la prophétie. Mais remarquez ces mots : « Il lavera sa robe dans le sang du raisin. » Ici le prophète annonce que le Christ doit souffrir, et par son sang purifier ceux qui croiront en lui. Sa robe désigne ses fidèles disciples en qui réside le Verbe, cette semence divine. Mais que veulent dire ces paroles, le sang du raisin, sinon que le sang du Christ, dans son incarnation, ne viendrait pas de l’homme, mais de la vertu de Dieu ?

Ainsi devait naître en effet le fils de Dieu, le Verbe divin, la première puissance après Dieu le père. Mais comment s’est-il incarné et fait homme, nous le dirons plus tard. Remarquons seulement que, de même que ce n’est point l’homme, mais Dieu, qui fait le sang de la vigne, de même le sang de Jésus-Christ ne devait pas venir de l’homme, mais de la vertu même de Dieu. Tel est le véritable sens de ces paroles mystérieuses, ainsi que nous l’avons déjà dit ; et voilà ce qu’annonçait aussi Isaïe, mais en d’autres termes, quand il dit : « Une étoile sor-