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celui qui l’impose. Aussi ces mots : Dieu, Père, Créateur, Maître, Seigneur, sont moins des noms que certaines manières d’exprimer ou des œuvres, ou des bienfaits. Il en est de même de son fils, le seul proprement appelé Fils, le Verbe qui précède toutes les créatures, qui existait avec le Père, qui est engendré du Père, par qui ce Dieu a tout créé, tout embelli : ce fils est désigné sous le nom de Christ, parce qu’il a reçu l’onction divine et que c’est par lui que Dieu a mis l’ordre dans l’univers. Car ce mot Christ renferme une signification toute mystérieuse, comme le mot Dieu n’est qu’une manière d’exprimer l’idée que nous avons naturellement d’un être ineffable. Le Verbe s’appelle encore Jésus, et ce mot le désigne en même temps comme homme et comme sauveur. Car il s’est fait homme, comme nous l’avons déjà dit, il a été mis au monde par la volonté de Dieu le père, pour sauver les hommes qui croient en lui et renverser l’empire du démon. Ce qui se passe aujourd’hui sous vos yeux peut vous en convaincre. En effet, au milieu de cette capitale, par tout l’empire, les Chrétiens triomphent du démon ; ils guérissent, au nom de Jésus crucifié sous Ponce-Pilate, des hommes dont cet ennemi s’était emparé, qu’il se plaisait à tourmenter, et que n’avait pu délivrer tout l’art des magiciens et des enchanteurs. De toute part sa puissance sur l’homme est détruite, renversée par les disciples de Jésus-Christ.

VII. Aussi est-ce en faveur des Chrétiens que Dieu conserve le monde. Sans eux, il aurait déjà disparu : tout serait dissous, confondu ; il n’y aurait plus ni méchants, ni démons. Oui, s’ils n’étaient la cause qui arrête le bras de Dieu, vous auriez cessé de nous persécuter et le démon d’allumer contre nous la haine. Le feu du jugement tombé du ciel consumerait tout sans distinction, comme autrefois le déluge détruisit toute la race humaine, à la réserve d’un seul homme que nous appelons Noé, et vous Deucalion, d’où sortit ensuite cette nouvelle génération d’hommes bons et mauvais qui s’est si fort multipliée. Nous disons qu’il doit arriver une conflagration générale et non un changement, une transformation des êtres les uns dans les autres, comme l’entendent les stoïciens : ce qui paraît absurde.