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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

res appellent le Verbe de Dieu. Au reste, empruntons au philosophe ses propres paroles : « Il ne faut pas craindre de publier la vérité, surtout quand on parle sur la vérité. L’essence véritable, sans couleur, sans forme, impalpable, ne peut être contemplée que par le guide de l’âme, par le Dieu qui la gouverne. » Ce Verbe, en se produisant au dehors, est l’auteur de la création. Dans la suite des temps, il s’engendra lui-même en s’incarnant pour se rendre visible à nos yeux. Le juste visera donc à ces investigations qui ont leur source dans l’amour, et au terme desquelles on trouve la béatitude. « Frappez, nous dit l’évangéliste, et il vous sera ouvert ; demandez, et il vous sera donné. » Car ceux qui ravissent le ciel, sont les violents, et ils ont pour armes non les sophismes et l’orgueil de la dispute, mais l’infatigable persévérance de la piété. Cette violence qu’ils font au royaume des cieux n’est pas autre chose que l’assiduité de leurs prières qui efface les souillures contractées par les fautes antérieures.

« Tu peux, dit le poëte, triompher du mal, et de toute sa puissance ; Dieu vient en aide au combattant qui lutte avec courage.

Les faveurs des Muses ne sont pas à la portée du premier venu. Elles demandent des efforts et veulent être emportées d’assaut. » Savoir qu’on ne sait rien, est le premier degré de la science dans celui qui marche selon l’esprit du Verbe. Cet homme ignorait, il a demandé ; après avoir demandé, il a trouvé le maître ; après l’avoir trouvé, il a cru ; après avoir cru, il a espéré ; après avoir été conduit de l’espérance à l’amour, il s’assimile à l’objet aimé, en s’appliquant à devenir ce qu’est l’objet de son amour. Telle est à peu près la méthode que Socrate indique à Alcibiade[1]. « Crois-tu, lui demande le jeune Athénien, que je ne puisse savoir d’ailleurs ce que c’est que le juste ? — Tu le sais si tu l’as trouvé. — Et crois-tu que je ne l’aie pas trouvé ? — Tu l’as trouvé si tu l’as cherché. —

  1. Platon, le Premier Alcibiade.