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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

par amour pour l’homme. Quiconque désire de s’assimiler à l’empreinte qu’il a laissée ici-bas, lutte incessamment contre soi-même et travaille à s’établir dans une région supérieure aux orages. Convoiter d’abord et s’abstenir ensuite, c’est ressembler à la veuve qui reprend sa virginité par la continence. Ce courageux athlète vient de payer à son sauveur et à son maître le prix de la science que lui-même a demandé, je veux dire l’abstinence de tout mal, et l’accomplissement des bonnes œuvres qui engendrent le salut. Comme les artisans qui sont nourris par l’exercice de l’art auquel ils se sont appliqués, le Gnostique vit de la science qu’il a apprise et se sauve par elle ; car ne pas vouloir extirper les passions, c’est se donner la mort. Mais l’ignorance est pour l’âme, si je ne me trompe, l’absence de nourriture, tandis que son aliment est la connaissance. Telles sont les âmes gnostiques, comparées par l’Évangile aux vierges saintes qui attendent le Seigneur. Sans doute elles sont vierges ! Ne s’abstiennent-elles pas de tout mal ? N’attendent-elles pas l’époux avec les aspirations de l’amour ? N’allument-elles pas leurs lampes pour la contemplation ? Âmes prudentes et sages, qui s’écrient : « Ô Seigneur ! il y a longtemps que nos tendres désirs vous appellent. Nous avons vécu conformément à vos ordres, sans omettre un seul de vos préceptes. Nous vous supplions par conséquent d’exécuter vos promesses. Ce qui est utile, nous vous le demandons, puisqu’il ne convient pas de solliciter auprès de vous ce qui est le plus beau. Nous recevrons comme des biens tout ce que vous enverrez ; si amères que soient les épreuves auxquelles vous nous soumettrez, nous nous rappellerons que votre bonté les dispense pour affermir notre courage. » Le Gnostique véritable est plus disposé, par l’éminence de sa sainteté, à échouer dans les demandes qu’il adresse qu’à réussir dans celles qu’il n’adresse pas. Sa vie est une longue prière et un entretien assidu avec Dieu. Que s’il est pur de toute faute, il obtiendra tout ce qu’il désire ; car Dieu dit au juste : « Demande, et je te donnerai ; forme un vœu, et je l’accomplirai. » Ses requêtes lui sont-elles avantageuses, elles seront immédiatement exau-