Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/471

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preuve des temps et des hommes commence. Grâce aux ravages toujours croissants du père du mensonge, l’erreur marche tête levée ; toutes les passions mauvaises se déchaînent à la fois ; la colère soulève les cœurs, la jalousie les ronge, la cupidité les aveugle, l’impiété les pervertit, l’orgueil les enfle, la discorde les divise, la fureur les précipite. Gardons-nous cependant que notre foi ne chancelle à l’aspect des crimes qui débordent de toutes parts, mais que plutôt l’accomplissement des prédictions serve à la fortifier. Le même Dieu, qui vous a signalé d’avance l’apparition de quelques-uns de ces hommes, a prescrit à tous nos frères la vigilance : « Vous donc, prenez garde ; voici que je vous ai tout prédit. » Évitez, je vous en conjure, évitez, mes frères bien-aimés, ces hommes de malheur ; fuyez la contagion de leur présence et de leurs discours. « Mettez, selon le langage de l’Écriture, une garde d’épines autour de vos oreilles, et n’écoutez pas la langue dépravée. Les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs. » Voulez-vous encore une autre preuve qu’il faut les fuir ? Écoutez notre Seigneur : « Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ! Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans la même fosse. » Je ne saurais trop vous le répéter : Fuyez celui qui s’est séparé de l’unité de l’Église ; fuyez-le, quel qu’il soit. C’est un pervers qui se condamne lui-même. Dira-t-il qu’il demeure uni à Jésus-Christ, quand il s’élève contre les prêtres de Jésus-Christ ? quand il a rompu ouvertement avec le clergé, avec le troupeau ? Il tourne ses armes contre l’Église ; il combat contre la volonté de Dieu. Ennemi de l’autel, rebelle au sacrifice de Jésus-Christ, transfuge de la foi, que dirai-je encore ? coupable de lèse-religion, serviteur révolté, frère ennemi, fils dénaturé, il ose, au mépris des évêques et des prêtres, élever autel contre autel, formuler en termes illicites une autre prière, profaner l’hostie vivante par je ne sais quelle ombre de sacrifice. Malheureux ! Et il ne songe pas du moins à quel châtiment s’expose l’audacieux qui s’attaque au Seigneur ! Ainsi Coré, Dathan et Abiron, qui avaient usurpé sur Moïse et le pontife Aaron les droits de la sacrifica-