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ture, expièrent sur-le-champ leur sacrilége audace. La terre, s’entr’ouvrant tout-à-coup sous leurs pas, les ensevelit vivants dans ses gouffres. Ce fut trop peu encore pour la colère divine. Ils avaient entraîné dans leur rébellion deux cent cinquante complices. Tous expirèrent à côté de leurs chefs dans des flammes vengeresses suscitées par le ciel. Preuve terrible que la perversité humaine attente à la majesté divine elle-même, en s’efforçant d’anéantir son ouvrage !

Ainsi, quand, armé de l’encensoir et résistant aux représentations du pontife Azarias, le roi Ozias continua d’offrir au Très-Haut un sacrifice réprouvé, la colère céleste lui attacha au front une lèpre hideuse, au front où Dieu marque le Chrétien fidèle du signe de ses miséricordes. Ainsi encore tombèrent sans vie aux pieds du Seigneur indigné, les fils d’Aaron, pour avoir placé sur l’autel un feu étranger que le Seigneur n’avait pas prescrit. Ils imitent ces insolents profanateurs, ceux qui, dédaignant les célestes traditions, courent après des doctrines étrangères, et substituent l’enseignement de l’homme à l’enseignement de Dieu. C’est à eux que s’adresse le Seigneur dans son Évangile, quand il dit : « Vous rejetez le commandement de Dieu pour établir votre tradition. » Crime mille fois plus odieux que l’apostasie ! L’apostasie cependant, soumise à la pénitence, fléchit Dieu par une satisfaction entière. Ici, on prie, on cherche l’Église ; là, on se révolte contre elle. Ici, la contrainte explique la prévarication ; là, l’opiniâtreté volontaire s’endurcit dans le forfait. Ici, la fragilité, en succombant, n’a perdu qu’elle-même ; là, le schisme et l’hérésie ont entraîné sur leurs pas une foule de coupables. Ici, péril pour une âme ; là, pour des milliers. L’une du moins reconnaît et pleure sa faute ; l’autre marche tête levée. L’orgueil et la suffisance gonflent son cœur ; elle arrache à la mère ses enfants, au pasteur ses brebis, aux sacrements leur efficacité. L’une n’a failli qu’une fois ; l’autre renouvelle incessamment sa perversité ; enfin, on a vu des apostats pénitents courir intrépidement au martyre et reconquérir les promesses du royaume. Mais le schismatique, mais l’hérétique a beau sacrifier sa vie ;