Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/526

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avaient unanimement signalé comme devant être la lumière nouvelle et le réparateur du genre humain, est envoyé pour consommer ce grand œuvre. Il est la vertu de Dieu, sa raison, sa sagesse, sa gloire. Il descend dans le sein d’une vierge ; esprit immortel, il revêt notre mortalité ; le Dieu s’unit à l’homme. Voilà notre Dieu, voilà Jésus-Christ médiateur entre son Père et nous ; il s’abaisse jusqu’à la créature pour élever la créature jusqu’à son Père. Ce qu’est l’homme, le Christ a voulu le devenir, afin que l’homme puisse devenir ce qu’est le Christ.

Les Juifs n’ignoraient pas, grâce aux nombreuses prophéties qui l’annonçaient, que le Messie devait apparaître. Mais, comme les saints oracles parlaient tout à la fois d’un double avénement, l’un qui manifesterait l’homme, l’autre qui révèlerait le dieu, les Juifs fermèrent obstinément les yeux à son premier avénement qui s’écoula dans les abaissements de sa Passion, pour n’admettre que le second, qui doit faire éclater sa gloire et sa puissance. Cet aveuglement était la punition de leurs forfaits. Telles furent les ténèbres de leur entendement et de leur cœur, qu’indignes de la vie, ils n’aperçurent pas la vie qui était devant leurs yeux. Ainsi, quand le Sauveur, accomplissant à la lettre les prophéties, rendait le mouvement aux paralytiques et la vue aux aveugles ; quand il guérissait les lépreux, redressait les boiteux, ressuscitait les morts, forçait les éléments à lui obéir et les tombeaux à lui céder leur proie, les Juifs, le jugeant d’après la bassesse du sang et de la chair, le prenaient pour un magicien, à cause de l’étendue de sa puissance. Les maîtres et les chefs de la nation, c’est-à-dire ceux qu’il confondait par sa doctrine et sa sagesse, se soulevèrent contre lui et jurèrent sa perte. Ils s’emparèrent de sa personne, le livrèrent à Ponce-Pilate, alors gouverneur de la Syrie, au nom des Romains, puis ils demandèrent opiniâtrement et à grands cris qu’il fût crucifié et mis à mort. Outre qu’il avait prédit lui-même ce genre de supplice, longtemps avant son incarnation, les prophètes avaient annoncé de concert que le Christ devait souffrir, non pas pour éprouver la mort, mais pour en triompher, afin d’attester sa majesté et sa puissance. Les événements