Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/18

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le domaine de la connaissance et, par une sorte d’instinct, rencontrait ainsi les conditions nécessaires de l’œuvre qui, quarante ans après, devait la ranger parmi les fondateurs de la psychologie réelle. C’est absorbée dans ces travaux qu’elle traversa les phases de la Révolution : celle, si lumineuse, où les grandes perspectives furent ouvertes par le savoir émancipé ; celle, si sombre, où la hache du rhéteur déiste, aussi stupide que le fer du soldat romain, infligea à l’Académie des Sciences le deuil de Bochart de Saron, de Condorcet, de Lavoisier[1].

Cependant, après la chute des déclamateurs, la parole fut rendue aux savants. Fourcroy monte à la tribune de la Convention : « Les lumières, dit-il, ont commencé la Révolution française, les lumières ont fait marcher le

  1. On put craindre un instant que Lagrange ne fût éloigné. Robespierre avait fait rendre un décret qui forçait à sortir de France tous ceux, sans aucune distinction, qui étaient nés en pays étrangers ; et le grand géomètre se trouvait dans ce cas. Voici un passage du discours de Robespierre : « La mesure est rigoureuse, elle pourra atteindre quelques philosophes amis de l’humanité ; mais cette espèce est si rare que le nombre des « victimes ne sera pas grand ». (Séance de la Convention, 25 octobre 1793.) Voir les notes fournies par Guyton de Morveau dans les Mémoires de l’Institut.