Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/59

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et la raison. Montrer la raison dans l’esthétique et l’imagination dans la science, me trompé-je en attribuant à Sophie Germain le mérite d’avoir compris qu’un tel sujet ne pouvait pas être utilement abordé avant que les opérations cérébrales eussent fait retour à la méthode expérimentale ? Non, puisque nous la voyons, quoique préoccupée du problème, se taire pendant longtemps et, assistant, pour ainsi parler, à l’éclosion de la biologie, se tenir au courant de tout ce qui se découvre et s’écrit à cet égard ; non, puisque, quand elle prend la plume, elle débute par ces fermes paroles : « L’esprit humain obéit à des lois ; elles sont celles de sa propre existence ».

Mais, avant d’examiner la démonstration de l’auteur, exposons le fond même de la question.

En premier lieu, s’il est vrai que la science résulte de la systématisation des faits observés, il est vrai aussi que toute systématisation scientifique s’applique, non aux faits entourés de leur complication concrète, mais à des formes simplifiées que l’on obtient au moyen de l’abstraction. L’abstraction, qu’est cela ? C’est un procédé — un artifice si l’on veut — par lequel on se borne à présenter des approximations suffisantes pour