Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/62

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comment les études les mieux soutenues ne peuvent dispenser l’artiste, au moment de l’exécution, de la présence d’un modèle qui doit toujours, à un certain degré, « mettre des entraves à l’idéalisation » ; d’une autre part, à quel point le savant exercé à l’analyse dans l’étude de la nature a besoin du coup d’œil synthétique, sans lequel il verrait « ses facultés théoriques échouer, dans toute grande coordination[1] ».

L’analogie des opérations cérébrales qui président à la connaissance du vrai et à la production du beau est-elle constatée, on comprend sans peine, d’abord, comment nous formons les hypothèses dont nous sentons l’utilité pour relier nos observations, ensuite comment, ne sachant pas ou oubliant que ces mêmes hypothèses sont sorties tout entières de notre cerveau, nous nous les représentons comme ayant une existence objective : les dieux, les entités, les religions sont dans ce cas, et leur raison d’être historique est d’avoir été fonctions du temps. À ce point de vue où toutes les conceptions humaines émanent du même fond, c’est-à-dire du cerveau faisant des approximations

  1. Programme de Morphologie, par A. Segong, professeur agrégé à la Faculté de médecine de paris.