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arrière de ces deux piles apparentes, s’alignent plusieurs autres tronçons, de construction toute pareille, mais presque invisibles de loin, le plus haut d’entre eux ne dépassant pas deux mètres. La largeur de ces tronçons est la même que celle des deux grandes piles, mais leur épaisseur, dans le sens de l’alignement, est moindre, se réduisant à la moitié de la largeur pour la plupart d’entre eux.

Fig. 7. — Tourillons de Craponne, vus du sud-est.

Avant que fût reconnue de nouveau — car on la connaissait probablement au xvie siècle — l’existence d’un aqueduc antique dans cette région, toutes sortes d’hypothèses, dont quelques-unes téméraires, d’autres ingénues ou même risibles, avaient été — et il n’y a pas longtemps — mises en avant pour expliquer l’origine et la destination de cette rangée de piliers. Château fort du moyen âge, arc de triomphe, oppidum romain, pont pour la voie d’Aquitaine, quai le long d’un cours fantaisiste donné à un prétendu bras de la Saône, en voilà quelques-unes. J’en passe, et des meilleures. Mais la plus enracinée, grâce à l’autorité de Monfalcon, qu’appuyait celle du P. Ménestrier, de l’archéologue Chipiez (à ce qu’on prétend), et d’autres, faisait des tourillons la porte décumane d’un immense camp retranché occupé par les troupes de Jules César, sous le commandement de Marc-Antoine. Pour qui a vu des camps romains authentiques, tels que celui de Lambèse par exemple, il n’y a pas le moindre rapport entre cette série de piliers et une porte ou une enceinte de camp[1]. Nous avons vu,

  1. Cf., Gagnat, L’armée Romaine, p. 522, les portes du camp de Lambèse.