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d’ailleurs, qu’aucune vraisemblance historique ne permet de croire à l’existence de celui-ci[1]. En définitive, il faut en arriver à classer ce monument parmi les restes des ouvrages hydrauliques romains construits pour l’alimentation de la ville de Lyon. Le plan de 1699, découvert par M. Guigue et auquel il est fait allusion plus haut, vient fournir à cette opinion une base des plus solides. Le monument y est sommairement indiqué par une figure représentative caractéristique : un pilier surmonté d’une échancrure en forme de cuvette, et, derrière lui, un second où paraît s’amorcer la descente d’un rampant. Il est difficile, d’après cela, de ne pas reconnaître dans cette cuvette, un réservoir auquel aboutissaient deux pentes symétriques. L’analogie avec les réservoirs têtes de siphons de l’aqueduc du Gier s’impose. La différence est que ces derniers ne commandent un plan incliné que d’un seul côté ; de l’autre, l’eau arrive ou s’enfuit par une conduite libre à pente très légère. Mais on peut sans nulle difficulté attribuer à ce réservoir-ci la double fonction de réservoir de chasse et de réservoir de fuite, c’est-à-dire de bassin de faîte entre deux siphons consécutifs. La découverte de l’aqueduc de Grézieu, son niveau par rapport aux tourillons confirme très solidement l’hypothèse. L’eau de cet aqueduc, pour arriver comme celle des autres sur les collines de Lyon, avait à franchir, à partir de Craponne, un long espace, ou sur arcades, ou sous pression. Une ligne d’arcades de Craponne à Saint-Irénée, sur une longueur de plus de six kilomètres, avec une hauteur de plus de cent mètres au-dessus du point le plus bas de l’intervalle entre les deux sommets[2], était évidemment chose peu praticable. On dut donc s’arrêter à l’idée d’un siphon partant de Craponne. Mais entre ce plateau et Grézieu, il y avait aussi, à partir de Corlevet, un vallonnement assez prolongé, qu’il était impossible de contourner en maintenant le niveau. Allait-on y établir des arcades ? C’était faisable. Mais il y avait un autre, moyen, consistant à prolonger le siphon en amont jusque vers Grézieu. Bon en soi, ce moyen présentait une difficulté : le passage du siphon au-dessus du plateau de Craponne, après une première

  1. V. ci-dessus, p. 15.
  2. La cote du thalweg sous le pont d’Alaï est 194. En lui comparant la cote du sommet des tourillons qui dépasse 310 mètres, on voit ce que vaudrait l’hypothèse d’un pont sans siphon.