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drain, soit pour assainir le plateau et le rendre plus propre à la culture, soit pour recueillir les eaux plus loin dans les bassins de quelque ferme ou de quelque villa dont il n’est pas interdit de supposer l’existence, soit encore pour l’irrigation d’un terrain plus sec, à une certaine distance de là.

Il ne s’agit ici, encore une fois, que d’une simple hypothèse, qui aurait besoin d’être confirmée par d’autres observations. Juste, elle serait une preuve de plus de la liaison par siphon du canal de Grézieu et des tourillons, formant l’aqueduc de Craponne ; erronée, elle n’entraîne pas, par son inexactitude, la négation de cette liaison.

Car il n’y a pas à objecter la disparition totale des traces d’un réservoir de chasse au-dessus de Corlevet. Nous aurons l’occasion de constater des disparitions du même genre, en des points où un réservoir a existé sans qu’aucune contestation soit possible, c’est-à-dire où il n’a pas pu ne pas exister. Ainsi, l’on ne voit à Saint-Genis-Terrenoire aucun vestige du réservoir de fuite du siphon de l’aqueduc du Gier : l’existence ancienne de ce réservoir est pourtant de nécessité évidente.

Ni le réservoir de chasse de Corlevet, ni la première partie du siphon ne sont indiqués sur la carte d’Artaud, dira-t-on. Mais il n’y a pas non plus d’arcades indiquées, et cependant, étant donné le relief du sol, il fallait, nous l’avons vu, pour franchir la dénivellation sans chute trop sensible de pression, l’un ou l’autre, ligne d’arcades ou siphon. L’explication me paraît simple. Delorme n’ayant pas eu en main les éléments suffisants pour trancher la question, s’est abstenu ; et dans le dessin qu’Artaud a reproduit, il s’est contenté d’indiquer, sans marque spéciale, la direction de l’aqueduc.

La vérité est que tout concourt à prouver cette existence du siphon entre le haut du Tupinier et les tourillons. En voici un autre indice, déjà convaincant à lui seul ; c’est que de nombreux fragments ou masses de plomb ont été anciennement découverts sur son parcours : « Un nommé Cholet, dit l’archéologue lyonnais déjà cité, a possédé plusieurs morceaux de ce métal, trouvés dans ses travaux de minage exécutés dans cette localité[1]. » Il cite

  1. Baron Raverat, Le nouveau Pont-d’Alaï.