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était un, passait ensuite entre la route nationale et les tourillons, notamment dans la propriété Guigal, au sud de ceux-ci, qu’il contournait à l’est, après quoi, dans la plaine au-dessous, dite de Bel-Air ou des Cailloux, on perdait sa trace.

M. Guigal me fit remarquer, dans un champ de luzerne lui appartenant, une bande continue, tranchant sur le reste par une couleur plus verte et une épaisseur plus touffue ; elle se dirigeait suivant une courbe de niveau. Grâce à l’obligeance de ce propriétaire, je pus faire exécuter une tranchée dans la largeur de cet espace, et, à 0m,80 sous le sol, le pic rencontra un solide massif de béton de tuileaux. Non sans peine — le travail dura une journée entière — on parvint à le démolir. J’avais pris ce massif pour la couverture du canal, et m’attendais à trouver au-dessous l’espace libre voûté. Ce qui fut découvert, ce fut seulement un amas de pierres sans aucun joint de mortier, et dont les interstices étaient remplis d’eau, qui s’échappa d’abord en jaillissant. Le tout déblayé et l’eau épuisée, on atteignit le rocher. Les pierres étaient entassées, en amont et en aval, en prisme régulier, de 0m,70 de largeur sur 0m,45 de hauteur, et quelques filets d’eau suintaient de l’amont. La couverture de béton, plane, épaisse de 0m,35, dépassait de chaque côté, de 0m,15 au moins, la largeur du tas de pierres. Sur ses bords supérieurs, on ne voyait aucune trace de cassure indiquant que l’on eût affaire au radier d’un canal dont les piédroits eussent été démolis jadis. Il n’était guère possible non plus de prendre les pierres entassées pour un massif de substruction, car, dans ce cas, ce massif aurait bien eu au moins la largeur du radier.

Cela ressemblait si peu aux autres vestiges d’aqueducs, qu’il me parut difficile d’y reconnaître la suite du canal de Grézieu. Voici l’hypothèse à laquelle j’ai été conduit, et que des fouilles exécutées en d’autres endroits pourront peut-être confirmer.

Les renseignements recueillis m’ont appris que ce plateau et ses alentours étaient fort humides ; les propriétaires ont coutume de drainer leur sol pour en recueillir l’eau dans des citernes, disséminées çà et là en assez grande quantité. On peut donc imaginer sans invraisemblance qu’on ait songé à faire de même à l’époque reculée de la civilisation gallo-romaine. La rangée de pierres, protégée par une épaisseur de béton, aurait donc été un