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plateau de Salvagny. C’est une erreur, qui a été commise aussi par Flacheron. Rien ne justifie l’hypothèse d’un siphon. L’aqueduc franchissait la dépression, très allongée entre ces deux points, probablement d’abord par quelques arcades, aujourd’hui disparues, ensuite sur un long massif de substructions qui s’étendait en ligne droite, en diminuant progressivement de hauteur sur la terrasse légèrement inclinée dite des Grandes-Terres. Cette épaisse muraille existe encore sur près de 200 mètres de longueur, dissimulée dans un épais taillis. Longtemps respectée, elle se morcelle et s’abaisse à présent de jour en jour, car les gens du pays se sont avisés d’y prendre les matériaux de construction dont ils ont besoin. On peut la suivre encore jusqu’à la hauteur de la borne kilométrique 38 de la route nationale n°7, de Lyon à Roanne, qui lui est ici à peu près parallèle, à deux ou trois cents mètres au nord, et qui, à partir de cette borne, descend vers le bas de Lentilly. L’aqueduc, dont la pente est en sens inverse grâce à ses substructions, rentrait sous terre non loin de là, en tranchée couverte, en se maintenant un peu plus bas que le bord du plateau de Salvagny. Continuant en ligne droite, il passe au-dessous et au sud du village de La Tour-de-Salvagny, vers le hameau de La Pussetière, où on le voit dans la cour de la maison Pitrat.

À partir de là, Flacheron a perdu sa trace ; ayant cru le reconnaître dans la gorge de La Beffe, au-dessous du hameau de ce nom, il l’a prolongé du côté de Tassin, et a supposé le point de départ du siphon sur les confins des communes de Tassin et de Charbonnières ; il fait d’ailleurs aboutir ce prétendu siphon au réservoir des Massues, qui est, en effet, le terme du siphon authentique de Grange-Blanche.

Le tracé réel est celui-ci. Après avoir traversé la route nationale au-dessous et à l’est de La Tour-de-Salvagny, à deux cents mètres à peine de ce village, par un redressement vers le nord-est, l’aqueduc continue dans cette direction vers La Brochetière, sur la commune de Dardilly ; puis, se retournant au sud-est, passe aux hameaux du Clair et de La Crépillière, au-dessous de Dardilly-Le-Haut ; après avoir côtoyé le flanc de la colline sur l’arête de laquelle sont bâtis les deux Dardilly, il profite d’un col avant Dardilly-le-Bas pour passer de l’autre côté de cette arête, et, après un rebroussement vers le nord qui l’amène jusqu’au Dodain, il fait là un