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nouveau contour en sens inverse pour gagner Les Bruyères. De là, en droite ligne nord-sud, il descend sur Ecully en se maintenant sur le plateau, et, un peu avant ce village, arrive au lieu dit Le Rafour, section B, parcelle no 396 du cadastre. Là se trouvait le réservoir de chasse d’un siphon qui, franchissant le ruisseau des Planches sur un pont à hautes arcades, aboutissait de l’autre côté de la vallée à un réservoir de fuite (fig. 16), dont le rampant et la substruction sont encore debout dans l’enclos d’une propriété privée, au-dessous du Point-du-Jour, au lieu dit Les Massues, anciennement Le Massut, dénomination provenant sans doute de cette massive construction.

Siphon de Grange-Blanche. Arrivée à Lyon. — Le réservoir de chasse a disparu sans laisser la moindre trace. Mais on ne peut guère l’imaginer ailleurs qu’au Rafour d’Ecully, eu égard à la position de ce point par rapport aux arcades; il est exactement dans leur alignement; par rapport au relief du sol, il est au bord de la déclivité ; enfin, par rapport à l’altitude du réservoir de fuite, qui est à la cote 287, Le Rafour offre la cote 305, c’est-à-dire la hauteur voulue pour que la pression soit suffisante.

Le pont à siphon passait au-dessus du ruisseau des Planches, au lieu de Grange-Blanche, à peu près en face de la station d’Ecully-La-Demi-Lune, du chemin de fer de Lyon à Montbrison. La ligne des piliers restés debout sert de limite aux propriétés Barrier et Récamier. C’était un ouvrage des plus considérables et des plus imposants ; moins paré et moins élégant que le pont de Beaunant, dont il sera parlé plus loin, il avait encore plus de longueur et d’élévation, bien que le siphon par lui-même fût moins long et moins plongeant. Mais, outre que ces ruines sont dissimulées par les hauts arbres qui les environnent, ce qui subsiste représente à peine la vingtième partie de la construction intacte. Vers 1825, on voyait encore debout les trois arcades principales, celles du thalweg, qui reposaient sur un massif percé d’une arche. Le pont était donc à deux étages, mais sur une très faible longueur. Ces trois arcades se sont écroulées en 1826 ; un dessin de Chenavard, reproduit par M. Steyert[1], fait voir l’aspect

  1. Ouvr. cité, p. 224