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probablement ce vestige qui a déterminé le tracé adopté par Delorme, comme on a vu plus haut, pour la branche de Janon. J’ai dit mon opinion au sujet de celle-ci : et, par conséquent, je crois qu’il s’agirait ici d’une autre branche, issue des collines de Saint-Jean-Bonnefonds[1], que l’on retrouvera quelque jour peut-être, qu’on aurait même déjà retrouvée, s’il fallait se fier aux vagues affirmations de certains habitants du pays.

Toujours est-il qu’aussitôt après le pont, et une fois la jonction faite, puisque jonction il y avait, l’aqueduc, comme il est naturel quand deux versants de vallée sont reliés par un pont, se remettait en tranchée dans une direction à peu près perpendiculaire à celui-ci, et dans le sens opposé à celui qu’il suivait auparavant. Il se rapproche donc de Saint-Chamond, mais non pas encore définitivement, car il va, par un assez long contour, s’engager dans la profonde vallée du Langonan, affluent du Janon recueilli par ce dernier à Saint-Chamond même, tout près de son embouchure dans le Gier. Il semble que le contour ait été abrégé par quelques passages en souterrain, notamment au-dessus du vaste enclos de L’Ollagnière.

C’est ici, au Langonan, que nous allons rencontrer la première ruine un peu considérable. C’est le reste d’un pont de neuf arcades, dont cinq piles sont encore debout en partie, avec les naissances des voûtes qui s’y appuyaient. On les trouvera représentées (fig. 18, hors texte), d’après le dessin de M. Bresson, fait il y a une quarantaine d’années : l’état que ce dessin représente diffère peu de l’état actuel. Ces piles, dont une sur la rive droite et quatre sur la rive gauche, présentent cette particularité que leur construction n’est pas uniforme ; leur base est en maçonnerie réticulée, et sur une faible hauteur, tandis que le reste est en pierres plates de dix à douze centimètres d’épaisseur, disposées horizontalement, ce qui laisse à supposer que le pont primitif, une première fois détruit, a été refait, avec, un moindre luxe d’appareillage. Ces piles sont espacées inégalement, l’arcade la plus large étant établie au-dessus du lit du ruisseau ; son ouverture est de 6m,50 ; les

  1. Anciennement Saint-Jean de Bonnes-Fonts, allusion certaine à l’abondance des eaux vives dans le voisinage.