Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 108 —

La carte d’Artaud, tout en rectifiant la première opinion de Delorme qui ne tenait pas compte du siphon, la remplace par une autre erreur tout aussi grave[1]. Au lieu de relier le grand contour en amont à l’aqueduc qui vient de La Martinière, elle ne l’y relie qu’en aval, c’est-à-dire au réservoir de fuite, et lui fait prendre naissance à une prise d’eau sur le ruisseau de Collenon, entre Cellieu et Leymieu ; elle en fait donc une branche afférente, et non pas une continuation de l’aqueduc principal. (V. Pl. I.)

La vérité est que l’aqueduc a deux parcours : l’un par le siphon, l’autre par le circuit. L’origine au ruisseau de Collenon est purement imaginaire, et la liaison est aussi incontestable en amont qu’en aval. Reste à donner la raison de ce canal qui fait double emploi avec le siphon. Est-il d’une construction plus récente, contemporaine, ou plus ancienne ? Je renvoie l’étude de cette question au chapitre spécial concernant les siphons ; là sera discutée en effet la théorie de Gasparin sur les conditions d’établissement de celui-ci, et je tâcherai d’y définir sa raison d’être conjointement avec celle du contour.


La pierre gravée de Chagnon. — Mais il importe de signaler dès maintenant la découverte qui a été faite, il y a une vingtaine d’années, au voisinage de ce canal de contour, tout près de Chagnon, et qui a donné pour quelque temps à ce petit village une façon de célébrité.

Chagnon est à deux kilomètres à peu près au delà du réservoir de chasse du siphon en remontant la vallée de la Durèze ; le canal passe au-dessus du village. Des terrassiers, qui travaillaient au prolongement vers Saint-Romain-en-Jarez de la route de Rive-de-Gier à Chagnon, dégagèrent, le 21 avril 1887 en déblayant le talus, à cent ou deux cents mètres plus loin que le village, une énorme pierre taillée, de forme rectangulaire (fig. 21). Elle mesurait 1m, 60 de haut sur 0m, 60 de large, et sur une de ses faces, que bordait une moulure de six centimètres, elle portait une inscription

  1. V. ci-dessus, p. 106.