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dirigées en tous sens, ainsi que l’ont démontré les découvertes de Fea en 181 et de Rossi en 1853[1]. Un premier aqueduc fut construit en l’an de Rome 441, sous le consulat de M. Valerius Maximus et de P. Decius Mus, par le censeur Appius Claudius Crassus, le même qui fit construire la voie Appienne depuis la porte Gapène jusqu’à la ville de Capoue[2]. L’eau amenée prit aussi le nom d’Aqua Appia. Elle fut captée au voisinage de la voie Prénestine, entre le septième et le huitième milliaire. Le texte de Frontin fait comprendre qu’on ne se contenta pas de recueillir une source jaillissant à l’air libre, mais que l’on dut faire des recherches souterraines et sans doute aménager des conduits pour amener au jour les filets d’eau[3].

Des travaux de captage certainement plus considérables encore furent faits pour amener, cent soixante-sept ans après, en l’an 608 de Rome, l’eau dite Marcia, du nom du préteur Marcius Rex, qui, empiétant sur les attributions habituelles des censeurs, se fit confier le soin de construire un aqueduc plus grand que ceux qui existaient déjà[4]. Car il y en avait un second, inauguré en l’an 481, qui recueillait les eaux de l’Anio au delà de Tibur (Tivoli), dans la vallée qu’enserrent les monts Simbruens : c’était une première application de l’autre procédé de prise d’eau, par dérivation d’un courant. Quant à l’eau Marcia, à peu près trois fois plus abondante que l’eau Appia, elle provenait d’une source située à quelques milles plus haut que le détournement de l’Anio, dans la même région, vers le 38e milliaire de la via Sublacensis, entre les villages modernes de Vicovaro et de Subiaco[5]. Il est plus que probable que si les eaux venaient se réunir au pied de la montagne en un seul point[6], tête de l’aqueduc, elles y étaient entraînées par des travaux d’excavation fort importants, analogues, bien que

  1. Lanciani, Roma antica, Le Acque e gli Acquedotti, p. 15.
  2. Frontin, de Aquis, 5.
  3. Ibid.Appius… collegam habuit C. Plautium, cui ob inquisitas ejus aquae venas Venocis cognomen datum est. « Appius eut pour collègue C. Plautius, qui pour avoir recherché les veines de cette eau, reçut le surnom de Venox. »
  4. Ibid., 7.
  5. Pour cette question, fort débattue, de l’emplacement exact des sources antiques dans cette région du haut Anio, v. Lanciani, ouv. cité, p. 61, suiv. Je me permets de renvoyer aussi au rapport que j’ai eu l’honneur de publier récemment dans les Nouvelles Archives des Missions scientifiques, t. XV (p. 75, suiv.)
  6. Ce point correspond très probablement à la troisième Sereine, une des sources recueillies par la Société actuelle de l’Acqua Marcia.