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de relever les points d’émergence de chaque source, trop bas pour la pente que les Romains devaient donner à leur conduite.

« Lorsque nous avons acheté la source de Noé pour le compte de la Ville, de Paris, dit Belgrand[1], elle était encore renfermée dans le bassin de captation des Romains. Le diagramme suivant (reproduit fig. 59), fait voir la disposition de ce bassin.

« L’eau sortait du pied du mur figuré sur ce croquis, par six barbacanes ou griffons, dont cinq sont encore visibles. Le dessus de ce mur est d’origine moderne et soutient le chemin de Noé à Theil ; mais le bas, appareillé en petits moellons, est au contraire une véritable maçonnerie romaine. L’eau s’élevait dans le bassin, à l’altitude 89m,46, à 1 mètre environ au-dessus du radier de l’aqueduc, dont les ruines se voient à droite, à l’altitude 88m,51. »

Fig. 59. — Aqueduc de Sens. Bassin de captage de la source de Noé.

Or, la source, originairement, jaillissait certainement au pied du coteau, à l’altitude 85m,20. Les Romains ont donc opéré un relèvement de 89m,46 moins 85m,20, soit de 4m,26.

La figure 60 donne, d’après Belgrand, l’aspect d’un des griffons ; au-dessous de la dalle qui le recouvre, l’appareil de petits moellons est remplacé par un bétonnage formé de cailloux et de mortier de chaux.

Ce relèvement de l’eau, qui la faisait ainsi aboutir dans un bassin au-dessus du point naturel d’émergence préalablement obstrué, indique une idée ingénieuse et un savoir-faire plein de ressources. Ce qui est frappant, c’est la mise en pratique, à cette époque, de deux procédés : celui des galeries empierrées, pour le captage et la circulation de l’eau, et celui des puits

  1. P. 209