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artésiens. Au sujet de ce dernier, en tant qu’utilisé par les Romains, on peut observer que M. Lanciani lui-même, dans son savant ouvrage sur les eaux de Rome,

Fig. 60. — Détail d’un griffon.

hésitait à se prononcer, n’ayant à citer que l’exemple incertain des puits de Hodna, près de Sétif[1]. Or, nous avons ici un spécimen, non pas de puits artésiens proprement dits, mais certainement de l’application du principe.

M. Julliot, à qui se réfère Belgrand pour l’étude historique de cet aqueduc de Sens, en fait remonter la construction, d’après une inscription trouvée, en 1850, dans la rivière d’Yonne, au règne d’Auguste et à l’administration de son gendre Agrippa. Cette inscription, dont un côté a été mutilé, se présente ainsi :

… DIVI NEPOTI PONTIFICI
… COS • IMP • PRINCIPI
IVVENTVTIS
… TAS SENONVM

Le personnage qu’elle désigne est certainement Caïus César, fils d’Agrippa et petit-fils adoptif d’Auguste, qui fut consul en l’an 1 après Jésus-Christ et que l’empereur décora en effet, ainsi que son frère Lucius, du titre de « prince de la jeunesse ». M. Julliot pense que l’exécution de l’aqueduc fut un des motifs qui portèrent les Sénonais à élever un monument à ce jeune homme, en témoignage de reconnaissance à l’égard soit d’Agrippa soit d’Auguste lui-même. Cette adduction d’eau serait donc contemporaine des premiers aqueducs lyonnais. De toute façon, elle n’est pas plus récente que le premier ou le second siècle de l’empire ; et, au surplus, l’art hydraulique ne fit certainement pas de progrès depuis les Antonins. Ce qui fut fait à Sens put donc être fait à Lyon.

  1. « Si e disputato se i Romani abbiano conosciuto la teoria dei pozzi artesiani, e se, conoscendola, abbiano tentato di porta in esecuzione… Per me la questione e assai dubia. » (Ouvr. cité, p. 7.)