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ouverts dans la paroi du fond. Le puits P, à droite du bassin, donne accès dans une galerie souterraine C D, que l’on peut suivre pour rejoindre la canalisation romaine de prise d’eau, utilisée telle quelle, sauf quelques travaux de déblaiement et de consolidation qu’on a dû faire. Le canal fait un détour, représenté en bas du plan par la ligne des puits 6, 5, 4, 3, 2, 1, et va se réunir à la conduite O H qui part du bassin. Au point où aboutit la galerie C D se joignent deux branchements, dont l’un amenait au bassin une partie de l’eau captée en amont. L’autre, dans lequel on peut s’engager, est une galerie de plus en plus étroite et basse, qui recueille les eaux filtrant en abondance des fissures du rocher et des drains aménagés de distance en distance. De nouvelles ramifications se rencontrent à mesure qu’on s’enfonce ; la figure 61 donne une idée de l’ensemble de ce réseau souterrain; on y voit que les deux points extrêmes par où l’eau s’échappe du rocher sont les points X et T. X correspond au fond du sanctuaire, et T à un point de la terrasse situé à quelque distance de l’axe, plus près du sanctuaire que du bassin.

A partir du point II, l’aqueduc, ayant pris sa section normale de 0m,80 à 0m,90 de largeur sur 1m,60 de hauteur en moyenne, continue de suivre le tracé romain. Un peu au-dessous de Zaghouan, ce tronçon parlant du nymphée est rejoint par une autre branche qui vient d’un bassin de captage situé au nord-est du premier à un kilomètre environ. On croit y avoir retrouvé les traces d’une ancienne prise d’eau romaine ; mais il n’y avait rien de comparable à l’étal de la prise d’eau du nymphée, et tout, pour le service de l’aqueduc de Tunis, a dû être reconstruit à neuf[1].

Le débit actuel est de 200 litres par seconde au minimum, soit de 17.280 mètres cubes par 24 heures. Quel était le débit au temps des Romains ? Il est bien difficile de le préciser. On a calculé[2] qu’il était de 370 litres par seconde, soit environ 32.000 mètres cubes par 24 heures. L’appauvrissement peut s’attribuer soit au

  1. Ilen a été de même de la prise d’eau du Djebel Djouggar (Mons Zuccharus), qui fut aménagée probablement sous Septime-Sévère, vers l’an 200, et que l’on a remise en usage en reconstruisant sur 33 kilomètres une branche d’aqueduc rejoignant la canalisation principale à Moghrane, à 6 kilomètres au-dessous de Zaghouan.
  2. Caillat, Revue archéologique, xxvi, 1879.