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déboisement des montagnes, soit à l’obstruction des veines d’eau souterraines. À voir la hauteur de l’eau dans le réseau des galeries décrit ci-dessus, on s’aperçoit facilement qu’elle devait être plus considérable autrefois, et que ces galeries avaient été creusées en vue d’une circulation beaucoup plus abondante.

Prise d’eau principale de l’aqueduc de La Brévenne dans la vallée de l’Orgeolle. — D’après cette disposition de la prise d’eau de Zaghouan, on peut imaginer aisément ce que dut être autrefois celle de l’aqueduc de La Brévenne[1] et expliquer l’état où elle se trouve aujourd’hui. Évidemment, il n’y avait ici ni sanctuaire, ni statues, ni élégant bassin, ni ornement extérieur d’aucune sorte. Mais le réseau de captage devait être constitué d’une façon tout à fait analogue. Les galeries se sont effondrées, laissant saillir à travers la mousse et les herbes des amas de pierres, qui contrastent avec l’aspect net et uni des prairies d’alentour. Au premier abord, on a peine à imaginer qu’il y eût là un débit de plusieurs centaines de mètres cubes par heure ; mais, à la réflexion, tout s’explique. Laissant de côté la question du déboisement[2], car ici les montagnes n’ont été que modérément dépouillées depuis l’époque romaine, et sont incomparablement plus revêtues qu’en Tunisie, on n’a qu’à se rappeler que souvent il n’en faut pas beaucoup pour tarir une source : il suffit, dans certaines occasions, d’un simple mouvement de terrain, naturel ou artificiel, éboulement après un orage, percement d’un tunnel, etc., pour modifier complètement le régime des eaux sur une certaine étendue, fermer des veines et en ouvrir d’autres. La maçonnerie du nymphée de Zaghouan a pu protéger pendant des siècles les galeries tracées au-dessous. Mais supposons ces mêmes galeries sans couverture protectrice, elles auraient probablement assez vite disparu ; toutes les larges ouvertures se seraient bouchées par les amas de matériaux effondrés. C’est ce qui s’est passé au second réseau de captage de Zaghouan, et c’est ce qui a dû se

  1. V . ci-dessus, p. 81.
  2. Remarquons pourtant qu’il suffit parfois d’une faible étendue de terrain dépouillée de ses bois pour anéantir toutes les sources d’une région ; c’est ainsi que l’asséchement des sources de la Bresle, en Picardie, a suivi en 1840 le défrichement du bois de Fonnerie-en-Oise ; que le ruisseau d’Anveaux, dans la même région, a perdu un kilomètre de son cours supérieur après le défrichement du bois de Cressy en 1837.