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passer à l’Orgeolle. La source importante qui jaillissait à cet endroit, obstruée par les éboulis, s’est réduite à quelques suintements, tandis que la nappe d’eau, s’ouvrant d’autres passages dans la masse rocheuse, s’est divisée vraisemblablement en une multitude de petits filets, prenant issue en différents points de la vallée.

On ne peut donc juger du débit d’autrefois par ce que nous voyons s’écouler aujourd’hui. Cependant, il ne faudrait pas exagérer non plus l’abondance des eaux en ce point à l’époque romaine. Le régime hydraulique, dans cette contrée, n’a jamais dû être assimilable à celui du nord de l’Afrique ou des montagnes de la Sabine, par exemple. Au lieu de vastes géodes creusées dans le massif en de certains points peu nombreux, il faut imaginer plutôt des nappes d’eau assez également réparties, des sources fréquentes, disséminées un peu partout sans grandes différences de débit de l’une à l’autre. Sauf dans le massif du Mont-d’Or, on est, sur le parcours de nos aqueducs, en terrain primitif, compact. Les points comme le creux de Monoison, dans la vallée de l’Orgeolle, comme plus loin le cirque au-dessus de Chevinay[1], où se sont en abondance concentrées les eaux souterraines, sont exceptionnels ; mais le débit n’a jamais dû y être suffisant pour alimenter, sans autres apports, un aqueduc à large section comme celui de La Brévenne.

Prises d’eau accessoires de l’aqueduc de La Brévenne. — Toujours habiles à mettre à profit les conditions naturelles variées des pays où ils s’installaient, les Romains, après avoir su trouver un bon point de départ pour cet aqueduc, complétèrent donc le volume d’eau recueilli à l’origine, par le captage des petites sources et des ruisseaux rencontrés tout le long des flancs sinueux du massif à contourner. Il est dit plus haut[2] qu’on ne pouvait guère distinguer les marques de ces prises d’eau accessoires. Pourtant, au passage de la plupart des petites vallées, le cours de chaque ruisseau, immédiatement en amont du point indiqué par le nivellement pour la traversée de l’aqueduc, présente un élargissement

  1. P. 83.
  2. V. ci-dessus, p. 85.