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de superbes pierres de taille, dont les arêtes sont encore toutes vives et que l’on dirait mises en place d’hier. Deux petits chemins, de vingt-cinq centimètres de largeur, permettaient au gardien de circuler sur la cime de l’ouvrage. Un système assez compliqué de glissières recevait les portes, qui refusaient ou donnaient libre accès aux eaux de l’oued. »

Les barrages de dérivation romains sont innombrables dans le nord de l’Afrique ; il n’est pas d’oued de quelque importance qui n’en présente au moins un[1]. Presque tous servaient à la fois à l’alimentation et aux irrigations. Je me bornerai à reproduire ici, après le dispositif ci-dessus de l’Henchir Saïd, le schéma de la dérivation de l’oued Hallouf, d’après le croquis à la main de M. le docteur Carton, dans son Étude sur les travaux hydrauliques des Romains en Tunisie, publiée en 1897. La direction du cours d’eau aux abords de la dérivation, la disposition du barrage et du bief d’amenée, l’emplacement du bassin, tout présente une analogie curieuse avec ce qu’on peut se représenter et vérifier à la prise d’eau du Gier (fig. 66).

Irrigations et drainages. — L’identité se borne toutefois au système de dérivation. Car, tout d’abord, le débit du Gier était plus considérable sans aucun doute et plus constant que celui de l’oued Hallouf, et, de plus, le Gier ne servait, au moyen de son barrage, qu’à alimenter l’aqueduc de Lyon, tandis que nous voyons à l’oued Hallouf le bassin, outre l’entrée de l’aqueduc et sa sortie, pourvu d’autres orifices par où une partie de l’eau se déversait dans les champs. Des murailles, ménagées de distance en distance, à des niveaux successifs, formaient une série de bassins, dans chacun desquels l’eau pouvait séjourner quelque temps. Des vannes permettaient de la faire descendre à volonté d’étage en étage. Cette disposition ingénieuse se rencontre très fréquemment dans l’Afrique romaine. Dans la région lyonnaise, nous n’avons rien de semblable, car l’eau y étant bien plus disséminée, et bien plus permanente en toute saison, pouvait entretenir facilement l’humidité nécessaire du sol, grâce à des

  1. V. « Enquête administrative sur les travaux hydrauliques anciens en Algérie », publiée par les soins de M. S. Gsell, professeur à l’École des Lettres d’Alger, et l’Enquête déjà citée, publiée par M. Gauckler.