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procédés d’irrigation sommaires, sans qu’on eût à recourir aux dérivations des grands cours d’eau, et à des submersions périodiques.

Il est assez étrange que Pline, Vitruve et les ailleurs latins des traités d’agriculture aient dit si peu de chose des irrigations. Columelle et Palladius y font allusion incidemment, mais n’en indiquent point les méthodes, et semblent toujours n’avoir en vue que des arrosages partiels, d’une prairie, d’un verger, d’une saulaie[1], non de larges étendues de terrain au moyen d’importants ouvrages d’hydraulique agricole. Il est vrai que tous (sauf Palladius qui n’est qu’un compilateur répétant souvent mot pour mot ce qu’ont dit ses prédécesseurs) sont antérieurs au grand développement de la civilisaliondans la province d’Afrique. Mais ces irrigations en grand étaient depuis longtemps pratiquées en Orient, c’est-à-dire en Mésopotamie et en Égypte. Il faut donc reconnaître que tous ces auteurs se sont montrés bien avares de renseignements pour tout ce qui concerne l’hydraulique rurale. Vitruve, qui a consacré un livre entier à la question des eaux, est peut-être le moins excusable de tous. Nous aurons l’occasion de voir combien ce VIIIe livre, spécialement, présente de lacunes et d’oublis.

Les pâturages constituaient une grande part des terres cultivées en Italie, mais beaucoup de ces prés n’étaient pas arrosés, et l’on préférait, en général, le foin des prés secs à celui qui ne s’obtient que par des irrigations réitérées[2]. Les Romains craignaient beaucoup la surabondance d’eau, même à l’égal de la sécheresse[3]. L’assèchement par le drainage était fort communément pratiqué ; et l’on se rend compte aujourd’hui que ce procédé, qui n’a pris une grande extension chez les modernes que depuis un siècle à peine, était bien plus usité par les Romains qu’il ne le fut plus tard, pendant tout le moyen âge et les siècles qui suivirent jusqu’au xixe[4]. On n’est pas bien sûr qu’ils aient connu le drainage par

  1. Columelle, ii, 17. — Palladius, iii, 17, 25 ; x, 10.
  2. Columelle, ii, 17.
  3. Ibid. — « Quippe aquarum abundantia atque penuria graminibus acque est exilio. »
  4. Olivier de Serres (Traité d’Agriculture, t. I) donne cependant des conseils pour les drainages en grand. Mais ils furent, en réalité, si peu suivis que le drainage apparut comme une véritable nouveauté quand il fut préconisé, vers 1810, en Angleterre, par Smith.