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tuyaux de poterie, malgré la découverte qu’aurait faite le P. Secchi dans la région d’Alalri[1], Mais ils avaient compris le principe et l’utilité des galeries empierrées qui opèrent comme une succion à travers les terrains où elles passent. Columelle décrit le procédé à employer[2] ; il recommande des tranchées de trois pieds de profondeur, remplies jusqu’à moitié de petites pierres ou de gravier pur, soit, à leur défaut, de branchages ou fascines, le tout recouvert par les déblais du fossé, sans doute fortement battus.

C’est pour cela que je crois plausible l’avis que j’ai exprimé plus haut[3], au sujet de ce fossé empierré découvert au voisinage des tourillons de Craponne, sous une épaisse couverture de béton romain. Il y aurait là un procédé convenant à un assèchement en grand et consistant à protéger le drain contre toute destruction naturelle ou volontaire, par l’interposition d’une surface inattaquable entre celui-ci et le sol.

Embouchures des branches accessoires. — Il reste, à dire quelques mots du mode de jonction des branches accessoires d’aqueducs avec les troncs principaux. Une supposition semble naturelle, en raison de ce qui se pratique habituellement dans les

  1. V. Lanciani, Ouvr. cité, p. 189. C’est aussi le P. Secchi, comme nous le verrons plus loin, qui découvrit un autre tuyau de terre cuite, énorme, dans cette même région, et qui l’attribua à un siphon. L’hypothèse du drain est certainement plus vraisemblable que celle du tuyau de siphon.
  2. « Si humidus erit (locus) abundautia uliginis ante siccetur fossis. Eorum duo genera cognovimus, caccarum et palentium… Opertae rursus obcaecari debebunt, sulcis in altitudinem tripedaneam depressis : qui cum parte dimidia lapides minutos vel nudam glaream receperint, acquentur superjecta terra, quae fuerat effossa. Vel si nec lapis erit, nec glarea, sarmentis connexus velut funis informabitur in cam crassitu dinem, quam solum fossae possit anguste quasi accommodatam coarctatamque capere. Tum per imum contendetur, ut super calcatis cupressinis, vel pincis, aut si cae non erunt, aliis frondibus terra contegutur. In principio atque exitu fossae more ponticulorum binis saxis tantummodo pilarum vice constitutis et singulis superpositis, ut ejusmodi constructio ripam sustineat, ne pracciudatur humoris illapsu atque exitu. » (Columelle, n, 2.) « Si le terrain est humide, on le desséchera d’abord au moyen de fossés qui absorberont cet excès d’humidité. Nous connaissons deux sortes de fossés, fossés garnis et fossés libres… On devra garnir les fossés couverts en creusant des tranchées de trois pieds de profondeur que l’on remplira jusqu’à moitié de petites pierres ou de gravier pur, et qu’on achèvera de combler en rejetant les déblais par-dessus. Si l’on n’a ni pierre ni gravier, on formera, au moyen de sarments liés ensemble, une sorte de câble, dont la grosseur soit telle qu’il puisse s’adapter étroitement et à force au fond de la tranchée. Quand cette fascine sera bien enfoncée dans le fond du canal, on la recouvrira de feuilles de cyprès, de pins, ou d’autres arbres à défaut de ceux-ci ; le tout bien foulé, on rejettera la terre par-dessus. Aux deux extrémités du fossé, comme on le fait pour les ponceaux, on établira deux pierres seulement comme deux piles, sur lesquelles on en placera une troisième, pour que cette construction soutienne les bords et empêche les obstructions provenant de l’écoulement et de la sortie des eaux. »
  3. P.77-78.