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surabondante d’Augusta venant à surpasser le mur G P, elle coulait dans le conduit de la Claudia par l’ouverture G O.

Rondelet comprend donc que l’eau Claudia ne recevait que le surplus de ce qui pouvait aller à l’eau Marcia. Mais alors, pourquoi Frontin donnerait-il comme raison de la dérivation sur Claudia la possibilité pour Marcia de se passer de ce contingent supplémentaire (quia Marciam sibi sufficere apparebat) ? Il vaut bien mieux croire à un système de vannes-déversoirs permettant d’envoyer l’eau de la source Augusta tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, tantôt des deux côtés à la fois. Il suffit de se représenter l’ouverture G O bouchée, et à sa place, ou plutôt au-dessous, une ouverture G D’ exactement

Fig. 67. — Jonction des trois conduites Marcia, Augusta et Claudia.

symétrique de C D, puis deux vannes V, V’, manœuvrées par des tiges T, T’. L’emploi des vannes étant, nous l’avons vu bien des fois, usité chez les Romains, c’était ici une bonne occasion de l’appliquer.

Rien n’empêche de penser que les aqueducs antiques, et en particulier ceux de Lyon, aient eu un dispositif analogue, à la jonction d’une branche principale avec une branche afférente, celle-ci jouant le rôle de l’eau Augusta, la principale celui de l’eau Marcia, et un canal de décharge celui de l’eau Claudia. En tous cas, qu’ils fussent ou non placés aux jonctions, ces caniveaux de décharge devaient exister sur plusieurs points du parcours des aqueducs, de préférence au voisinage des ruisseaux que la canalisation traversait, là précisément où la surveillance des ouvrages apparents, ponts, substructions, nécessitait des postes de gardiens. Au moment d’une crue subite ou en cas d’avarie locale, une manœuvre de vanne, faite opportunément sur quelques points, préservait l’aqueduc de tout accident. On ne trouve pas de trace de ces décharges et de ces postes de gardiens, dira-t-on. Mais quelles traces bien apparentes peuvent laisser au bout de quinze ou vingt siècles une cabane de surveillant, un caniveau ouvert dans une conduite, et une simple vanne à l’orifice de ce caniveau ?