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travaux modernes, c’est qu’il y ait eu en ces points de jonction un petit bassin, une chambre, un regard, destinés à surveiller la jonction, à exécuter certaines manœuvres de réglage et de décharge, en temps de crues par exemple, pour éviter de créer dans la conduite principale un dangereux excès de débit. Or, on manque de renseignements à cet égard, et l’on a vu beaucoup plus fréquemment des chambres de partage que des chambres de jonction : celles-ci semblent n’avoir été jamais que de simples regards, la rencontre pouvant d’ailleurs s’opérer normalement ou obliquement, de plain-pied ou avec surélévation du radier de l’affluent.

L’architecte Rondelet[1], entre autres dessins accompagnant sa traduction et ses annotations du Commentaire de Frontin, de Aquis, a représenté la manière dont il comprenait, d’après le texte de l’auteur latin, la réunion à volonté des eaux de la source Augusta à celle des deux sources Marcia et Claudia, au voisinage de l’origine. « Augustae fons, dit Frontin, quia Marciam sibi sufficere apparebat, in Claudiam derivatus est, manente nihilominus praesidiario in Marciam ; ut ita demum Claudiam aquam adjuvaret Augusta, si cam ductus Marciae non caperet[2]. »

A B (fig. 67) représente la conduite de l’eau Marcia ; E F le canal de l’Augusta, plus élevé que celui de la Marcia ; C D, l’ouverture par laquelle l’eau Augusta entrait dans le canal de la Marcia ; G P, une murette arrivant à la même hauteur que la partie supérieure du canal de la Marcia, de manière que, quand l’eau Augusta ne montait pas jusqu’en G, elle ne pouvait couler que dans le conduit de la Marcia ; GO, l’ouverture qui introduisait l’eau du canal de l’Augusta dans une chambre indiquée par R S et ouvrant sur la Claudia, de manière que l’eau ne pouvait y couler avant d’avoir surpassé le niveau G P. D’où, toutes les fois que le conduit de la Marcia n’était pas plein, celui de l’Augusta pouvait l’augmenter en versant son eau par l’ouverture C D ; mais lorsque ce conduit était rempli, l’eau

  1. V. ci-dessus, Introduction, p. ix.
  2. « Comme la Marcia paraissait suffisamment pourvue, on amena dans l’aqueduc Claudia une dérivation de l’eau Augusta, dont l’échappement du côté de la Marcia fut cependant maintenu, de façon que, si le canal de celle-ci ne la recevait pas, elle coulât dans celui de la Claudia. » (De Aquis, 14.)